Méthode Stévanovitch

 Alain Coudert

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Méthode StévanovitchL'Art du Chi


 Vlady Stevanovitch
Vlady Stévanovitch

 L’Ecole utilise une pédagogie claire et progressive pour rendre accessible aux occidentaux des techniques énergétiques traditionnelles venues d’Asie.

Vlady Stévanovitch est celui qui a mis au point cette pédagogie au fil d’années d’enseignement. Mais il précise : " Je n’ai rien inventé, je me limite à enseigner ce que j’ai moi-même appris. Ces techniques sont rigoureusement restées inchangées depuis des siècles et il n’y a pas de raison que cela change aujourd’hui. Mon apport s’est limité à sans cesse améliorer la façon de les montrer, de les décomposer, pour que mes élèves puissent aller plus vite dans leur apprentissage ".

Notre approche favorise la perception directe et la maîtrise du "Chi", le centrage dans le Tan Tien (mot chinois désignant le centre physique et énergétique du corps), et l’enracinement dans la posture. Il s’agit de techniques corporelles dont l’enseignement ne s’embarrasse d’aucune connotation philosophique ou religieuse.

Progressivement et de manière méthodique, on apprend non seulement à percevoir le "Chi", mais aussi à le manipuler dans le corps afin qu’il devienne un instrument au service de la santé et du bien-être.

Une bonne part du travail proposé est consacré à des exercices d’assouplissement, de relaxation, de respiration, de sensibilisation aux perceptions du "Chi" et de mise en évidence du Tan Tien, qui se font d’abord au sol, en position assise ou couchée, avant d’être mis en application dans l’exécution des mouvements proprement dits (Qi gong, Tai Ji Quan, Kung fu).

La méthode intègre aujourd’hui des moyens nouveaux découlant des recherches et découvertes de V. Stévanovitch sur les sons porteurs de Chi. Ce sont des complexes sonores richement chargés en Chi. Les vibrations sont étudiées et réglées de façon à produire des effets spécifiques en des endroits déterminés du corps.

Ces effets sont influencés par l’attention et la volonté de l’élève. Ils facilitent l’exécution des techniques et les rendent plus efficaces malgré les imperfections propres à tout apprentissage.


 Le Tai Ji Quan de la Voie intérieure

extrait d'un article de Vlady Stévanovitch paru dans les numéros 12 et 13 de la revue de l'École - mai 1992

C'est le Chi qui est le seul et unique objet de notre recherche dans le Taï Ji Quan.

La source du Chi se trouve dans le Tan Tien. C'est le centre du corps et le lieu privilégié de focalisation de toute l'énergie vitale. C'est également le centre de gravité et le point d'appui physique de toutes les techniques de manipulation du Chi. Et de toutes les pratiques corporelles sollicitant le Chi. Pour nous il est avant tout le lieu où se loge notre "moi". Car notre recherche, tout en passant par des techniques corporelles très variées, est avant tout celle du chemin qui mène vers le monde intérieur. Quand le "moi" quand le "je suis" est le fait d'une conscience focalisée dans le Tan Tien, on tourne le dos au monde des objets.

Présence dans le Tan Tien

Notre attitude permanente c'est la présence dans le Tan Tien. C'est une présence consciente donc d'abord une intention. Dans la pratique du Taï Ji Quan c'est aussi une attitude corporelle que nous entretenons par des techniques adéquates.

 

Et il y a une raison à cela. Et cette raison n'est évidemment pas l'intention de résister à un adversaire, fût-il imaginaire, et encore moins de lui asséner des coups. Non. Dans toutes nos attitudes, dans le moindre de nos gestes, nous faisons une toute autre recherche. Nous suivons une Voie. Elle est intérieure.

Pour réagir aux événements de la vie, l'homme prend des attitudes. Son visage exprime ces attitudes par des contractions musculaires spécifiques qui permettent de reconnaître le jovial, le coléreux, le râleur, le gentil etc. Mais tout le corps aussi participe à ces expressions et on peut distinguer à son expression corporelle l'homme accablé par le chagrin, l'orgueilleux ou l'homme d'affaires. Ces attitudes sont provoquées par des influences extérieures et ces expressions sont celles que nous offrons à notre entourage. Ce sont en fait les seules dont tout le monde a l'habitude et qui constituent un ensemble de signes que tout le monde sait interpréter.

Or ces interprétations ne s'appliquent plus aux signes visibles dans les attitudes de quelqu'un qui fait un travail intérieur. Ses attitudes ne sont pas des réactions aux événements extérieurs et ses expressions ne sont pas destinées à son entourage. Elles sont le résultat d'un travail que ceux qui font la même recherche reconnaissent immédiatement.

Mais, même quand on ignore tout de la recherche de la Voie Intérieure, on ne peut pas ne pas voir que ce travail est différent. Ce n'est ni une exhibition, ni un combat. Nous ne mimons rien. Nous n'interprétons rien. Nous sommes à l'intérieur. Dedans.

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Lorsque le travail musculaire est transmis par le squelette, le corps s'organise pour favoriser cette transmission. On prend donc, selon le cas, des attitudes penchées vers l'avant, on creuse dans le dos, on allonge complètement la jambe ou le bras ou on lève le coude ou les épaules. Instinctivement ou, au contraire, par un minutieux travail d'ajustement, on utilise de la façon la plus rationnelle les possibilités de la mécanique du corps humain.

Il en va tout autrement lorsqu'on manipule le Chi.

Lorsque l'effort, en vue du mouvement à effectuer, prend naissance dans le Tan Tien, on mobilise le Chi. Par la manipulation du Chi on réduit le travail musculaire au minimum et pourtant une puissance évidente est libérée et rendue disponible.

La chose est clairement visible dans les enchaînements du Taï Ji Quan où la jambe arrière pousse dans le Tan Tien qui ne transmet pas une poussée mécanique comme le ferait le squelette, mais libère une énergie qui fait les mouvements avec la plus grande facilité.

Tous les mouvements sont faits selon ce principe-là. Il y a en permanence un appui physique du Tan Tien au sol par l'intermédiaire d'une jambe. Et il y a en permanence un engagement du Tan Tien qui porte littéralement les bras, la tête et le haut du corps. Cette assise n'est pas le fait d'une transmission par le squelette. Elle est due à une pression énergétique intérieure globale mais réglable avec une infinie précision.

 

Tout le corps ajuste son attitude afin de favoriser cette poussée sol-Tan-Tien.

La retenue, le maintien de l'assise du Tan Tien sur la jambe arrière dément clairement toute intention belliqueuse qu'on pourrait attribuer au poing, imposé par la forme. Même le coup de poing reste un geste intérieur. Ethérique. Pourtant, un geste exécuté de cette façon dispose d'une puissance extraordinaire. Cette puissance est évidente. Et c'est une puissance de combat. Mais cette puissance reste puissance. Elle ne devient jamais acte.

 

Les mains écoutent

Au contraire. La main qui, dans un combat, devient une arme meurtrière, la main, capable de casser des briques et des planches pour épater les copains, eh bien cette main devient dans notre recherche un détecteur des vibrations et des courants énergétiques de l'espace.

En forme de gueule du tigre, libre de la moindre tension, elle fonctionne comme une véritable antenne parabolique. Elle capte à distance d'innombrables informations. Elle est l'instrument de la perception consciente du Chi. Et ça se voit. Si vous êtes observé par un expert chinois pendant que vous faites votre Taï Ji Quan, ne vous souciez pas de vos mouvements, ni même de votre équilibre. Ce sont vos mains qu'il observera. Ce sont elles qui lui révèleront le degré de votre compréhension du Taï Ji Quan et le niveau auquel vous êtes arrivé.

Dans tous les enchaînements, dans toutes les postures, ce sont les mains qui ont un rôle primordial. Elles scrutent sans cesse l'espace. Nous parlerons encore beaucoup du regard. Dans la pratique du Taï Ji Quan c'est celui de quelqu'un qui écoute attentivement. Mais, c'est avec les mains qu'on écoute et leur message c'est dans le Tan Tien qu'on le reçoit. Quelle que soit la position des bras, l'écoute des mains est destinée au ventre. Pas à la tête. La main informe le Tan Tien.

 

Elle perçoit des vibrations dans l'espace. Ce sont d'innombrables courants énergétiques parmi lesquels la main distingue infailliblement ceux qui sont favorables au déroulement de la forme, à l'aisance du mouvement, à l'équilibre, au bien-être du pratiquant. La main reçoit ce courant qu'elle transmet au Tan Tien. Le Tan Tien est littéralement attiré dans le sens du courant favorable. Il oriente le corps. Et c'est en déplaçant son centre qu'on navigue dans l'espace.

C'est comme ça que les mains nous guident dans nos déplacements.

 

Les mains guident

Le rôle des mains est de toute évidence primordial aussi dans l'élaboration de la posture. Elles orientent le corps et le guident mais ce sont elles aussi qui guident les mouvements des bras. Elles détectent de véritables couloirs énergétiques dans lesquels elles guident chaque mouvement dans tous ses détails.
 

Et ce rôle de guide leur fait prendre parfois des attitudes que rien d'autre ne peut justifier. Ce sont des attitudes qui se forment spontanément et qui ne sont certainement pas des fioritures dues à une quelconque "expression corporelle" ou, pire encore, à une recherche "esthétique".

 

Les mains communiquent entre elles

On voit ensuite souvent une communication à distance entre les mains. C'est évident. Mais en quoi consiste cette communication? On voit que les mains ne se trouvent pas dans une position due au hasard, mais ces attitudes ne sont pas justifiées non plus par la préparation d'un mouvement de combat. Ce n'est certainement pas comme ça qu'on préparerait un coup, une parade ou une esquive.

Non. Il se passe là tout autre chose. C'est un courant de Chi qui passe de main à main. Il y a un échange. Il y a communication. Et cette communication, on la cherche, on y est attentif, et lorsque le courant de Chi passe de main à main, on le sent et ça se voit. Tout au moins si on ne refuse pas de le voir.

C'est le plus souvent après cette connexion que se réalise la libération des trois membres qui flottent alors dans l'espace. C'est la deuxième phase qui précède l'enracinement (troisième phase) et la posture finale (quatrième phase).  

 

Car, dans tous les enchaînements du Taï Ji Quan, on peut distinguer clairement quatre temps, quatre phases.

La première commence pendant que s'achève la quatrième et c'est la concentration de l'attention, du souffle et du Chi dans le Tan Tien.

Pendant la deuxième phase on inspire et on quitte la posture précédente pour préparer la suivante. C'est au cours de cette transition que se modifie la circulation du Chi dans le corps et que se fait l'intégration du corps dans les courants énergétiques de l'espace. C'est pendant cette phase-là que, selon les enchaînements, on cherche la communication entre les mains ou la connexion avec le sol. Quand elle se produit, tout le corps est parcouru par une onde de Chi.

Le Taï Ji Quan est l'art du mouvement ininterrompu. Il y a en permanence trois membres en mouvement.

 

Lorsqu'un bras cesse de monter, il descend. Si pour lui faire faire un mouvement ascendant, une intervention, une action est nécessaire, pour sa descente, l'attraction terrestre suffit. En fait un bras qui descend, tombe. Mais il ne tombe pas comme un objet inanimé. Guidé par les perceptions de la main, il choisit sa trajectoire. Il subit l'attraction terrestre mais pas n'importe comment. Il cherche à lui offrir une prise favorable au travail du Chi et à l'exécution de la forme. C'est l'attitude de la main assise. Cette attitude typique du style, n'est justifiée que par le travail du Chi. Dans cette position la main offre la plus grande surface possible à l'influence de l'énergie tellurique, elle est en connexion avec la terre par la force de la gravitation dont elle boit littéralement l'énergie. Et spontanément, le bras opposé se place de façon à recevoir le courant à son tour.

La communication est perçue très nettement et c'est cette perception qui détermine la position du bras opposé et l'orientation de la main opposée. On s'intègre alors dans quelque chose qui va loin au-delà de l'espace immédiat où se déroule la forme qui est de ce fait un événement impliquant la terre d'un côté et tout le reste de l'autre.

- Mais enfin, le Taï Ji Quan est un art martial, quand même!

Il l'était à l'origine, certainement.

(Mais) vous reconnaissez un bonhomme dans un dessin d'enfant parce que vous savez de quoi a l'air un homme. Par contre, si vous n'aviez pas cette connaissance, jamais vous ne pourriez l'acquérir à partir du dessin de l'enfant.

 

Les mouvements du Taï Ji Quan sont des gestes de combat stylisés. On peut le comprendre si on connaît les gestes de combat. L'inverse n'est pas vrai. A partir du mouvement de Taï Ji Quan vous ne trouverez jamais le geste de combat juste et efficace.

Oui, c'étaient des mouvements de combat, autrefois. Mais le combat n'est pas fait que de techniques gestuelles. Un combat est avant tout l'occasion où se manifeste un farouche attachement à la vie, qu'on défend à tout prix. Il est évident que je ne parle pas de compétition. Pour défendre la vie on puise son énergie dans des sources profondes, dans la source première de la vie même. C'est là l'aspect énergétique qui a été cultivé dans la recherche de la Voie Intérieure. Et c'est par cette recherche qu'on se libère des contraintes martiales gestuelles pour s'adonner pleinement à l'exploration du domaine du Chi.

Afin de pouvoir un jour, si c'est nécessaire, défendre efficacement la Vie. Oui. Mais c'est avant tout pour la célébrer, l'exalter, la glorifier et en jouir pleinement.

Et j'en viens à cet autre facteur essentiel dans l'élaboration d'une posture. C'est le souffle. J'entends par ce mot la coordination de la respiration avec la manipulation du Chi.

Dans la pratique du Taï Ji Quan, trois facteurs concourent simultanément à la mobilisation du Chi. Les trois sont d'égale importance et indissociables. Il s'agit de la respiration, du mouvement et des techniques spécifiques de manipulation du Chi. Ces trois facteurs s'influencent mutuellement. Les mouvements favorisent la circulation du Chi et sa juste distribution dans tout le corps. La respiration alimente les circuits et par son fonctionnement musculaire soutient la technique de manipulation. C'est la production de mouvement par une force qui n'est pas musculaire, qui est l'élément original du Taï Ji Quan et en même temps son aspect essentiel. Ces mouvements concernent tout le corps et les bras aussi bien que les jambes.

On peut, bien entendu, exécuter correctement tous les mouvements de la forme en mobilisant les membres par le travail musculaire habituel, en contrôlant les attitudes pour qu'elles soient conformes à un modèle donné et en utilisant la force musculaire de façon à produire des mouvements lents avec un minimum d'efforts. Et on peut faire du très bon Taï Ji Quan de cette façon. Et on peut mobiliser beaucoup de Chi comme ça, car les mouvements sont conçus à cette fin. Et ça marche même quand on n'en est pas conscient. Et même quand on ignore tout sur le travail du Chi.

 

Bon. Ceci dit, il y a quand même une énorme différence lorsque les mouvements mobilisateurs du Chi sont eux-mêmes soutenus par un travail sur l'énergie, fait intentionnellement et avec une technique spécifique. Technique indépendante de la pratique de la forme et que le Maître Chen Chang Xing enseignait la nuit et dans le plus grand secret à ses disciples. Tant cette technique apporte un irremplaçable avantage dans la pratique du Taï Ji Quan dont elle devient l'essence même et la raison d'être à un niveau élevé.

Et à un niveau élevé, un expert fait un travail dont on ignore tout dans notre civilisation occidentale. Il concentre l'énergie dans la sphère du Tan Tien où il l'accumule sous une forte tension. C'est une tension énergétique qui a également un support musculaire, mais il s'agit de quelque chose qu'on qualifie de tension en pensant plutôt à la haute tension électrique qu'à la contracture des muscles.

Cette haute tension est entretenue pendant toute la forme et elle alimente spontanément les mouvements en énergie.

 

Cette façon de procéder est l'aboutissement d'un très long entraînement préparatoire qui comporte deux aspects: des techniques corporelles impliquant un travail musculaire et des interventions mentales impliquant un travail de la volonté et de l'imagination.

On apprend d'abord à guider le Chi dans un circuit qui fait le tour du corps. On appelle cette technique: la petite circulation.

Après plusieurs années, on apprend la circulation croisée qui donne un support énergétique puissant à certains enchaînements où la force part du sol, est transmise par la jambe porteuse pour passer par le dos et aboutir dans le bras et la main opposés.

Au stade de maîtrise le tout se fait spontanément à partir d'une sphère énergétique constituée autour du Tan Tien.

L'intention suffit. En effet. Mais comme l'intention suffit à un pianiste pour faire la gamme de do majeur lorsqu'il a posé ses mains sur le clavier. Les doigts travaillent tout seuls, avec précision et docilité. Toujours prêts à suivre l'intention de la moindre accélération du tempo ou celle d'un fortissimo. Ils ont été formés, éduqués, conditionnés. Ils ont appris.

 

En Taï Ji Quan aussi l'intention suffit. Cependant, l'apprentissage, ce ne sont pas seulement les doigts qui doivent le faire. C'est tout le corps, c'est l'esprit, c'est tout l'être qui doit être formé, éduqué, conditionné. C'est tout l'être qui doit apprendre. Ou bien non! C'est le contraire. C'est tout l'être qui doit désapprendre. Il doit se libérer des contraintes, des tensions, des anxiétés, des ambitions, et de tout ce dont la vie civilisée a chargé l'homme naturel. Et ce n'est pas facile.

 

C'est lorsqu'on a désappris qu'on peut apprendre. Et avant tout la manipulation du Chi. C'est quand on en est capable, et seulement alors, que dans le corps libre de toute tension, la respiration engendre le mouvement et mobilise les membres portés par le Chi. Alors seulement, le corps, comme les doigts du pianiste, suivra l'intention. Et l'intention suffira pour faire exécuter la forme. Il fera lui aussi de la musique. Silencieuse.

Des lignes mélodiques parfaites, des accords d'une harmonie profonde, du contrepoint où se superposent les dessins de gestes d'une grâce indicible. Il fera... tout simplement, du Taï Ji Quan.

Dans la pratique du Taï Ji Quan de haut niveau, c'est la main qui guide le corps. Et c'est elle qui cherche la communication avec ce quelque chose dont les yeux sont les messagers. Elle rencontre parfois le regard dont elle reçoit le flux énergétique. Et elle y répond à sa façon. Par un mouvement qui emporte le message.

C'est ça le Taï Ji Quan de la Voie Intérieure. Il n'est pas fait de mouvements appris et répétés aussi fidèlement que possible. C'est une recherche. Jamais achevée. C'est la recherche d'une intégration qui commence par l'intégration dans l'espace. C'est la main qui nous guide dans cette recherche, mais c'est afin que tout le corps s'adapte à l'espace, qu'il se confonde dans le tout et qu'il retrouve sa racine originelle dans la terre. Le corps, dans certaines postures, retrouve cette implantation caractéristique dans le sol. Il est droit et sort de la terre parfaitement vertical. Et c'est cette parfaite verticalité qui exclut toute idée de résistance. Toute idée de combat.

 

Au contraire c'est l'idée d'un corps libre dans l'espace qui s'impose. C'est un corps prêt à s'orienter immédiatement dans n'importe quelle autre direction et à prendre, sans la moindre résistance, n'importe quelle autre attitude. C'est un corps docile, flexible, maniable et souple. C'est un corps disponible. Ce corps n'est pas un obstacle à surmonter. Ce n'est pas un adversaire à dominer. On n'a rien à lui apprendre. On n'a pas à le dresser.

Lorsqu'on a accompli le cheminement vers la posture finale, il y a l'aboutissement, il y a la réalisation. Parfois, trop rarement, ça arrive. Le Maître réalise la posture juste. A ce moment, il est la posture. Il ne la fait pas. Il est cet élan sans limites, il est cette intégration consciente de tout son être dans ce plus grand que nous. Dans ce plus grand que tout.

Essayer d'interpréter une telle posture en termes techniques, ou, bien pire encore, en termes de combat n'est pas seulement ridicule. C'est triste. C'est ignorer cette autre réalité à laquelle je refuse de donner un nom, mais que parfois, rarement, un Maître voit dans toute son infinie beauté.

Alors, son visage s'illumine et on peut entrevoir dans son regard que ce qu'il contemple n'est pas loin de l'Absolu.

 

Copyright © Ecole de Tai Ji Quan de la Voie intérieure - 1999

 

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